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Réforme des allégements de cotisations patronales : baisse progressive avant fusion en 2026

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 apporte une refonte progressive des dispositifs d’allégements généraux des cotisations patronales. Dès 2025, ces allégements seront réduits, avant d’être entièrement fusionnés en 2026.


Un dispositif jugé coûteux et source d’effets indésirables

Les allégements généraux de cotisations patronales regroupent plusieurs mesures visant à alléger le coût du travail pour les employeurs. Jusqu’à présent, ils comprenaient la réduction générale de cotisations patronales ainsi que des réductions spécifiques sur les taux de cotisation maladie et famille.


Or, ces dispositifs ont été jugés trop coûteux pour les finances publiques. En 2024, leur coût total est estimé à 78,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2021. Par ailleurs, ils favoriseraient le maintien de salaires proches du Smic, certains employeurs limitant volontairement les augmentations pour continuer à bénéficier des exonérations maximales.


Un premier ajustement en 2025

La loi de financement de la Sécurité sociale 2025 amorce une réduction progressive de ces avantages pour limiter leur impact budgétaire.


Réduction générale : un plafond ajusté par décret

Jusqu’à présent, la réduction générale de cotisations concernait les salaires allant jusqu’à 1,6 Smic. À partir du 1er janvier 2025, ce plafond ne sera plus fixé directement par la loi mais défini par décret, avec une limite comprise entre :

  • 1,6 Smic en vigueur au 1er janvier 2024 (soit 2 827,14 € pour un salarié à temps plein) ;

  • 1,6 Smic en vigueur au 1er janvier 2025 (soit 2 882,94 € pour un salarié à temps plein).


Le décret attendu devra préciser la valeur de référence utilisée, ce qui pourrait entraîner des régularisations a posteriori en cas d’écart.


Intégration de la prime de partage de la valeur (PPV) dans le calcul

Une autre évolution majeure concerne la prise en compte des primes de partage de la valeur (PPV) dans le calcul de la réduction générale. Jusqu’alors exclues, elles seront désormais intégrées dans :

  • le plafond d’éligibilité à l’allégement,

  • le calcul du coefficient de réduction,

  • la rémunération servant de base à l’exonération.


Conséquence pour les employeurs : si la rémunération d’un salarié dépasse le seuil d’éligibilité du fait d’une PPV, il pourrait perdre tout ou partie de la réduction de cotisations.


Baisse des seuils d’éligibilité aux réductions des taux maladie et famille

Autre ajustement dès 2025 : les plafonds d’application des réductions de taux des cotisations maladie et famille sont abaissés :

  • La réduction sur le taux de cotisation maladie s’appliquera jusqu’à 2,25 Smic (contre 2,5 Smic auparavant).

  • La réduction sur le taux de cotisation famille sera limitée à 3,3 Smic (contre 3,5 Smic auparavant).


Là encore, le décret d’application devra préciser le Smic de référence utilisé pour ces calculs.


2026 : vers une fusion des allégements

À partir de 2026, la réforme atteint son objectif final : la suppression des réductions spécifiques sur les cotisations maladie et familleet la refonte de la réduction générale.


Une nouvelle réduction générale élargie, mais plafonnée

Dès le 1er janvier 2026, la réduction générale intégrera les exonérations précédemment accordées sur les cotisations maladie et famille. Son plafond d’éligibilité sera relevé à 3 Smic, mais son montant exact restera fixé par décret. Par ailleurs, le coefficient de réduction ne sera plus calculé en fonction de la somme des taux de cotisation concernés, mais sur une base déterminée par décret, ce qui pourrait limiter le bénéfice pour certains employeurs.


Un impact neutre pour certains secteurs spécifiques

Les exonérations de cotisations patronales applicables dans certains secteurs spécifiques (ex. : services à domicile, agriculture, zones en difficulté économique, Outre-mer) seront adaptées pour éviter qu’ils ne soient pénalisés par la réforme. Le gouvernement prévoit une période de transition et des ajustements par ordonnance pour garantir une application équitable.


Mise en place d’un suivi de la réforme

Un comité de suivi, placé sous l’autorité du Premier ministre, sera instauré pour évaluer l’impact de la réforme sur l’emploi et les finances publiques. Il réunira des représentants des employeurs, des syndicats et de l’administration, et devra rendre un rapport annuel jusqu’en 2029.


Conclusion

Cette réforme des allégements de cotisations patronales marque un tournant dans la politique de soutien aux entreprises. Elle vise à contenir le coût budgétaire des exonérations tout en ajustant progressivement les seuils pour éviter une rupture brutale. Toutefois, certaines incertitudes demeurent, notamment sur les valeurs exactes des nouveaux plafonds et sur les ajustements à prévoir une fois les décrets d’application publiés.


Employeurs et gestionnaires de paie devront donc rester attentifs aux évolutions réglementaires à venir pour anticiper les impacts sur leur masse salariale.


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